Review for Tire-allaitement
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Ma petite Ambre est née le 10 juin 2013. Mon mari et moi avions un vrai projet d’allaitement pour notre fille. Afin de me préparer au mieux à l’allaitement, j’ai participé à un carrefour allaitement à la PMI et à un atelier allaitement avec une consultante en lactation. En effet, j’avais tellement entendu de toute part “je n’ai pas assez de lait” ou “mon lait n’est pas assez nourrissant”que je voulais mettre toutes les chances de mon côté. Et pourtant… Lorsqu’Ambre est née, c’était une petite puce de 2,650 kg pour 47cm. Nous avons tout de suite fait du peau à peau, puis, peut-être trop pressée de la mettre au sein, je l’ai aidée en la plaçant proche du sein. Pourtant elle ne l’a jamais pris. Nous avons essayé, avec les puéricultrices et sages-femmes, à chaque repas, de la mettre au sein, avec différentes positions. Mais rien d’efficace, elle ne le gardait pas en bouche et donc ne tétait pas grand chose. En parallèle, j’ai commencé, dès le début, à tirer mon lait pour lui donner à l’aide de mon petit doigt et d’une seringue de 5ml. Nous avons continué les essais avec des bouts de sein, puis la sonde entre le récipient de lait et le petit doigt. C’est lors du test avec la sonde que nous avons observé qu’elle n’avait pas une succion assez forte. Au bout du sixième jour à l’hopital, au vue des tests, nous avons pris la décision d’essayer le biberon. La pédiatre nous a rassurés en nous disant qu’en continuant le peau à peau et en lui proposant à chaque fois le sein, nous pourrions arriver à un allaitement traditionnel. Durant le premier mois, j’ai tiré mon lait toutes les 3 heures, jour et nuit, l’idée étant de tirer à chaque biberon réclamé par Ambre. Au bout de 2 semaines, ma lactation s’était bien lancée, et j’ai eu à chaque tirage un peu plus de lait que ce que prenait Ambre. Cela m’a permis d’avoir du lait d’avance au réfrigérateur. Quasiment tous les après-midis, nous avons fait du peau à peau, et je lui ai proposée régulièrement le sein. Au cours d’un peau à peau, Ambre s’est enfn accrochée à mon sein, et je l’ai vu téter pendant plus de 30 min, j’étais aux anges…mais, je me suis rendue compte que la tétée n’était pas efficace car elle a pris son biberon normal à l’heure prévue. La grande difficulté a été de gérer le tire lait, le biberon, et proposer le sein. En effet, comme tous les bébés, quand l’heure du repas est là, c’est maintenant! Je devais donc avoir du lait d’avance prêt dans un biberon, car affamée elle était trop énervée pour prendre le sein. Et pendant le biberon, si j’interrompais pour lui proposer le sein, évidemment elle s’énervait de nouveau car il faut têter avant d’avoir du lait, ce qui n’est pas le cas avec le biberon. De même lorsqu’elle prenait le sein pendant les peaux à peaux, en général le sein était plutot vide ou il fallait têter, mais trop fort pour elle, pour obtenir quelque chose. Malheureusement, à la fin du premier mois, mon mari a repris le travail, et seule à la maison, ajouté à une sensibilité de plus en plus forte des seins, ont fait que j’ai proposé de moins en moins le sein à Ambre. Le rythme était le suivant. Quand je pouvais anticiper, je tirais mon lait avant l’heure du repas d’Ambre, ce qui était le plus simple car elle dormait, je pouvais donc le tirer sereinement et ensuite préparer un biberon. Sinon je lui donnais un biberon, puis j’attendais qu’elle s’endorme pour tirer mon lait car une fois “branchée”, c’est compliqué de s’arrêter pour calmer bébé et reprendre. Mais cela pouvait, des fois, prendre du temps et alors le rythme des 3 heures entre 2 tirages n’était plus forcément respecté. Bref le rythme des 3 heures était tel que le plus simple, finalement, a été pour moi de tirer mon lait pendant son sommeil et lui donner après en biberon. Il était donc impossible de proposer le sein a nouveau car il était vide. A deux mois et une semaine, j’ai eu une montée de lait extrêmement douloureuse due à un soutien gorge d’allaitement dont la taille n’était pas adaptée. Jusqu’à cette date, je tirais mon lait toutes les 3 heures, avec pour objectif de “vider mes seins” à chaque fois. Le tirage prenait 20, 25 min et a permis, évidemment, d’avoir une très bonne lactation, au point que j’avais déjà pu mettre au congélateur 22 litres de lait. Suite à cet épisode, après avoir été très bien soutenue et encadrée par ma consultante en lactation, j’ai commencé à espacer les tirages. Pendant quelques jours, je suis passée à toutes les 4 heures, puis 5 heures, etc pour finir, au bout de 3 semaines (début septembre), à 3 tirages (6h, 13-14h, 22h). L’objectif étant de préparer la reprise du travail. Le nombre de tirage a diminué mais la production s’est adaptée et ces 3 tirages permettent toujours à ce jour d’allaiter ma fille. Début octobre (quasiment 4 mois pour ma fille), j’ai repris le travail et la petite est entrée en crèche. Tous les matins, à 6 heures, je tire mon lait et je le donne directement à ma fille qu’on lève à 6h30. Je prépare deux biberons de lait, tiré la veille, conservé au réfrigérateur, pour la crèche, avec un troisième au cas où elle aurait encore faim. Le midi, je tire mon lait à l’infirmerie de mon lieu de travail. Le biberon du soir est, lui, composé d’un pochon de lait congelé (car cela fait près de 3 mois que les premiers pochons ont été congelés), et complété de lait réfrigéré. Et je congèle le lait réfrigéré en surplus. Je souhaite ainsi épuisé le stock de lait plus ancien. Préparation du biberon mixte du soir : Possibilité 1 : je sors du congélateur un pochon de lait le matin, et je le laisse décongeler toute la journée dans le réfrigérateur. Le soir, je complète le biberon de lait décongelé avec du lait frais réfrigéré. Je mets a température l’ensemble en plongeant le biberon dans un bol d’eau chaude. Possibilité 2 (que je privilégie finalement car depuis son entrée en crèche, il arrive que la petite saute le repas le soir. Ne pouvant conserver trop longtemps le lait décongelé je ne veux pas gacher du lait) : je sors du congélateur un pochon de lait que je mets à décongeler dans un bol d’eau chaude. D’un autre coté, je mets dans un autre bol d’eau chaude, le lait frais réfrigéré. Puis je mélange les deux laits mis en température. Tirer le lait au travail : Tous les midis je me rends à l’infirmerie de mon lieu de travail. Ils me mettent à disposition une chambre, et m’autorisent l’accès à leur réfirgérateur/congélateur. Le matin, je mets un glacon congelé dans un sac isotherme. Après le tirage de midi, je dépose le glacon décongelé dans le congélateur et en prend un autre bien frais. Je ne laisse pas le lait au réfrigérateur car l’infirmerie ferme à 17h (compliqué pour moi de le récupérer à cette heure la). Je conserve ainsi mon lait tiré vers 13h. Je suis de retour à la maison vers 19h. L’hydratation en cas de grosse chaleur En dehors des biberons “prévus” pour les repas d’Ambre, a chaque sortie, nous avions dans un sac isotherme, un biberon vide et un biberon d’environ 100ml. En fonction de la demande d’Ambre, nous versions dans le biberon vide des petites quantités de lait. Si elle n’avait pas soif, cela éviter de “perdre” les 100ml de lait. Nous n’avons jamais proposé d’eau. Les bobos Montée de lait douloureuse : J’ai mis, pendant une journée, un soutien gorge, qui finalement n’était pas si adapté que ça. Pendant la nuit qui a suivi, j’ai commencé à avoir des douleurs dans les seins qui remontaient jusque sous les bras. Le matin, mes seins étaient énormes (comme pour la montée de lait initiale) et très douloureux. Impossible d’utiliser le tirelait, trop douloureux, et rien ne sortait même avec de l’expression manuelle. Ma consultante en lactation m’a alors proposée de prendre de l’ibuprofène pour les douleurs et gérer l’inflammation des canaux lactifères. Deux heures après j’ai effectivement pu tirer mon lait en ayant beaucoup moins mal. Pour l’inflammation, pour éviter les engorgements, entre les tirages, je posais des glaçons dans un gant de toilette sur mes seins. Et au moment de tirer mon lait je mettais des compresses d’eau chaude. Pendant que je tirais mon lait, je sentais les canaux enflammés et j’insistais sur ces zones pour les vider au mieux. Deux jours après, tout est revenu à la normale. Myriam m’a également proposé de mettre des feuilles de choux pour réduire la production de lait et ainsi réguler la montée de lait. Je n’en ai pas eu besoin. Mais j’avoue aussi avoir eu peur que cela stoppe directement ma production de lait. Les crevasses: Les mamelons qui se “déchirent” ont été le désagrément permanent. Heureusement, ça n’a quasiment jamais été douloureux. La seule chose que j’ai faite : mettre de la lanoline après chaque tirage. Cela permet : 1. d’hydrater et de rendre plus élastiques les mamelons 2. de “lubrifier” les téterelles, ainsi les mamelons sollicités par le tire lait glissent et frottent moins sur les parois 3. de ne pas faire “coller” les blessures en cours de cicatrisation aux coussinets dans le soutien gorge. En effet, systématiquement, ça commence à cicatriser entre 2 tirages, et au tirage suivant, il faut arracher les croutes des coussinets, et ça, ça fait mal. Et les blessures s’ouvrent de nouveau. Techniquement : J’utilise un symphony 2.0 de Medela, tire lait électrique double pompage. Efficace, peu bruyant, déplaçable dans un vanity ou sac a dos. Pendant le tirage, je fais de l’expression manuelle en complément. Cela stimule d’avantage la lactation. Pendant le premier mois, toutes les 3 heures entre 10 et 15 min de tirage. Avant chaque tirage, je trempais les mamelons dans de l’eau chaude, la plus chaude possible sans se bruler bien évidemment. C’est un conseil de la maternité pour faciliter l’éjection. Le deuxième mois, le principe que j’ai appliqué était toutes les 3 heures, autant de temps nécessaire pour “vider” les seins, soit 20, 25 min. Attention, peut être pas un exemple à suivre. Depuis le troisième mois, environ 20 min, 3 fois par jour. Sentiments Et bien, ça n’a pas été simple. Le premier mois est difficile pour toutes les mamans. Mais quand en plus, on n’arrive pas à allaiter alors que c’etait une vrai volonté, qu’il faut intégrer cette action mécanique toutes les 3 heures, tout est chamboulé…Du point de vue personnel, c’est difficile car tout d’abord, je l’ai vécu comme un échec, de ne pas être capable d’allaiter ma fille “normalement” comme toutes les mamans. Et puis gérer tous ces tirages n’est pas évident, outre l’aspect absolument pas glamour, se déshabiller et se brancher, etc…cela a longtemps été vécu comme une corvée ( et ça reste encore difficile, en particulier à 6h !). Mais une fois branchée et surtout après avoir obtenu autant de lait pour ma fille, après chaque tirage, je ressors fière et satisfaite. Au fil du temps, ces tirages sont devenus une “normalité”. Et malgré les contraintes, j’avoue avoir du mal à imaginer le jour où j’arrêterai. Je n’ai pas envie d’arrêter car, d’une part, je sais que c’est le meilleur pour ma fille et, d’autre part, au vue de ma production de lait, pour toutes les mamans qui souhaitent allaiter et qui n’arrivent pas à avoir une production suffisante, je ne peux “gâcher” cette chance. Quant à mes relations avec mon mari, elles ont été assez conflictuelles. En effet, tout comme moi il est convaincu par le bienfait d’allaiter son enfant. Alors quand, au cours du premier mois, on nous demandait si on allaiterait longtemps, il répondait naturellement au moins 3 mois jusqu’à la reprise du travail. J’avais alors l’impression qu’il ne se rendait pas compte de la difficulté de tirer son lait toutes les 3 heures, que c’était loin d’être naturel et que du coup envisager l’allaitement sur la durée n’était peut être plus aussi évident. J’étais vraiment loin d’être convaincue, moi-même, d’être capable d’allaiter ainsi ma fille longtemps. J’aurais voulu entendre de sa part, “Chérie, ce que tu fais est génial, mais je sais que c’est dur, et si tu le souhaites on arrête le tire lait quand tu veux”. Alors que pour lui tire lait ou allaitement traditionnel c’était pareil. Je n’attendais pas de “reconnaissance” mais qu’il se rende compte de la difficulté que cela pouvait représenter. L’autre point de conflit a été les déplacements. Evidemment, il était tellement fier de sa petite fille qu’il souhaitait rendre visite à toute la famille et les amis. Sauf que moi, toutes les 3 heures, je devais absolument tirer mon lait et en région parisienne, entre l’aller et le retour, les 3 heures sont vites atteintes. Alors naturellement, il me disait de le faire chez les gens. Mais c’est compliqué car il faut prendre tout l’atiraille, le sac isotherme, les glacons, etc…et en plein café-gateaux, dire “veuillez m’excuser, je vais tirer mon lait”, s’installer correctement dans une pièce à part, se déshabiller, se brancher, etc, revenir une bonne demi-heure après, le temps de tout ranger…bref c’est quand même très personnel et pas forcément évident à faire chez les autres. Et ça, il ne le comprenait pas…Encore aujourd’hui, il “oublie” très souvent que je dois tirer mon lait. Ca part d’un bon sentiment, car il me propose d’aller le midi au restaurant ou au théatre le soir, sauf que je tire mon lait à 13h et à 22h. Mais désormais, nous pouvons au moins rendre visite à la famille en matinée ou en après-midi, cela va beaucoup mieux! Enfin pour parler du soutien de la famille et des amis, et bien, il n’y en a aucun. Tout ce que j’ai entendu c’est : • mais pourquoi tu fais ça, pourquoi continuer à tirer ton lait, passe au lait artificiel, d’autres ont été nourris ainsi et ils vont très bien, • tu ne vas pas te fatiguer inutilement, • ne te ruines pas la santé pour ca, • si ca te fait mal ou si c’est compliqué arrête, • tu vas encore la nourrir combien de temps (du style il va bien falloir s’arrêter un jour, ma fille n’a que 4 mois!). Toutefois, certains (en fait, 2 personnes, ça se compte sur les doigts de la main) commencent à me dire que finalement je suis quand même courageuse et que si je peux continuer jusqu’aux 6 mois de la petite (ce qui est ma volonté) c’est vrai que ça n’est peut-être pas plus mal pour elle. Globalement, je me suis sentie très seule (en particulier les 2 premiers mois), on ne peut avoir aucun moment de faiblesse ou en tout cas on ne peut en faire part à personne car, évidemment, ils ne peuvent se rendre compte de ce que ça représente, et surtout on sait que pour les autres il suffit d’arrêter pour tout arranger. En tout cas, je ne regrette pas mon choix et j’espère pouvoir l’assumer encore quelques temps…

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