Fatigue et allaitement

Si vous vous plaignez d’être fatiguée auprès de vos proches, de vos amis ou même auprès de votre médecin, n’a-t-on jamais essayé de vous dire que vous feriez mieux de sevrer votre bébé car c’est sûrement l’allaitement qui vous fatigue le plus ? Voyons ensemble si c’est bien le cas ?

Tout d’abord, il est important de signaler que la nature a doté la femme d’une grande force : celle de porter en elle un bébé en devenir en assurant son développement, de lui donner ensuite la vie et de le nourrir de son lait afin de continuer sa croissance. Notre civilisation aurait disparu depuis bien longtemps si toutes les femmes avaient décidé de sevrer leur bébé précocement sous prétexte de fatigue…Il faut dire aussi que contrairement aux sociétés traditionnelles où les nouvelles mères sont en général chouchoutées durant les 40 premiers jours du post-partum pour assurer leur repos et la mise en place de leur allaitement, les femmes en occident ( sauf dans certains endroits comme les pays scandinaves où une politique familiale a été mûrement réfléchie pour le bénéfice de tous) sont censées se débrouiller seules assez rapidement après la naissance de leur bébé. Elles doivent aussi très souvent reprendre leur travail à l’extérieur de la maison au bout de quelques mois, se retrouvant avec un double emploi et peu de temps libre. Ce n’est donc pas étonnant que la fatigue les assaille, avec ou sans allaitement d’ailleurs.

Pour commencer, vous attendiez-vous à ressentir autant de fatigue, physique et psychique, après la naissance de votre bébé ? L’épreuve de l’accouchement, d’autant plus si celui-ci a été difficile (long travail, ventouse, forceps, épisiotomie ou déchirure, césarienne) demande du calme et du repos pour bien récupérer, l’important étant de se trouver dans un environnement chaleureux pour soigner les maux du corps et de l’âme. Or, vous avez entre les mains ce petit être que vous avez porté dans votre ventre et dont il va falloir maintenant prendre soin jour et nuit car il est totalement dépendant de vous. Vous ajoutez à cela le manque de sommeil courant de fin de grossesse et des jours qui ont précédé et suivi votre accouchement, le va-et-vient du personnel soignant dans votre chambre de maternité et des visiteurs qui viennent admirer votre petit, sans oublier le stress normal accompagnant la naissance d’un enfant (nouveauté et sentiment d’incompétence dans le cas d’un premier enfant, difficultés d’interprétation des pleurs, inquiétudes, gestion des aînés..) et vous voilà vite submergée par un épuisement général tout à fait légitime. Que faire pour s’en sortir ?

Derrière ce tableau peu idyllique, se cachent bien sûr des aspects positifs sinon les femmes ne feraient plus de bébé ! Mentionnons par exemple :

-la magie de la naissance d’un nouveau petit être et le bonheur qui en découle

-les contacts en peau-à-peau qui vous procurent des instants de pur bien-être et qui vous permettent de créer du lien avec votre bébé

– l’incroyable attraction dont fait preuve un nouveau-né, ce qui vous fait oublier tous les moments difficiles

-la résilience et la grande force intérieure dont les femmes sont pourvues et qui ne les quittent plus une fois devenues mères

Par ailleurs, en décidant d’allaiter votre bébé, vous suivez l’ordre logique prévu par la nature et si vous êtes bien entourée la fatigue devrait au contraire diminuer au fur et à mesure que s’installe votre allaitement.

Les efforts que vous fournissez au départ peuvent sembler plus importants comparés à ceux d’une mère qui a fait le choix du biberon mais au fil des jours vous serez récompensée car un allaitement bien lancé devient simple et très pratique au quotidien et vous permet de vous reposer si vous vous installez confortablement pour allaiter. De plus, vos nuits deviennent plus simples, car même si votre bébé continue à se réveiller pour se nourrir- ce qui est normal- vous n’avez pas à vous lever, préparer et donner le biberon, puis recoucher votre bébé, ce qui peut prendre plus ou moins longtemps… Il suffit d’allaiter votre bébé en restant allongée pour plus de confort et de repos. Le sein représente un formidable outil de maternage, procurant la chaleur, la douceur et la réassurance dont ont besoin les petits, ce qui au final facilite la gestion des nuits et minimise la durée totale des réveils nocturnes. La mère allaitante s’ajuste naturellement aux besoins de son bébé et les hormones de la lactation favorise l’endormissement, tous deux en tirent donc des avantages indéniables.

Alors, qu’est-ce qui malgré tout peut engendrer de la fatigue lorsqu’on allaite ?

  1. l’allaitement est une question de perception : si vous le voyez comme l’expression de l’intelligence du cœur en réponse aux besoins essentiels de votre bébé, si vous êtes ouverte à l’idée de créer un lien unique avec votre enfant, et si vous vous sentez comprise et respectée par votre entourage vous saurez lâcher prise et la fatigue n’aura pas de réel impact sur vous car vous saurez la contrer. Au contraire, si votre éducation a été rigide et que vous êtes victime des idées reçues, vous allez être en perpétuelle lutte avec votre bébé pour lui imposer un rythme préétabli par votre mode de vie et vos croyances : le forcer à téter et à s’endormir à certaines heures quitte à le laisser pleurer ne pourra engendrer que frustration et au final beaucoup de fatigue. Si vous vivez l’allaitement comme un esclavage, un emprisonnement, le stress ainsi créé  générera de la fatigue, dans ce cas il sera important de prendre contact avec une consultante en lactation qui saura vous écouter et vous aider à vivre votre allaitement plus sereinement
  2. si vous êtes perfectionniste quant à la tenue de votre maisonnée ou si vous n’avez pas déconnecté de votre travail, la fatigue s’installera malgré les moments de pause que procure l’allaitement. Allaiter vous ramène à vivre pleinement le présent, à apprécier les échanges non-verbaux avec un petit être à qui vous donnez beaucoup et qui vous le rend bien à sa manière. Il est tout de même important de vous accorder des petites siestes, des soins de bien-être comme un petit massage, un bon bain chaud pour recharger vos batteries à certains moments de baisse de régime
  3. l’alimentation est très importante lorsqu’on allaite car si vous ne consommez que des aliments industriels riches en sucre et pauvres en micronutriments, vous aurez à puiser dans vos réserves et risquez d’être carencée, ce qui entraine une fatigue physique souvent doublée d’une humeur plus négative. Vous avez besoin d’énergie pour allaiter ! Certains compléments alimentaires sont bien indiqués pour pallier les moments de déprime : les omégas 3 sous forme d’huile de poisson riche en EPA et DHA, des acides gras essentiels pour l’équilibre du système nerveux représentent un bon choix.

En résumé, si vous êtes la personne principale à vous occuper de votre bébé, penser qu’en arrêtant l’allaitement vous serez moins fatiguée, est en réalité une fausse idée. Entourez-vous de femmes qui allaitent avec bonheur et qui ont-elles-aussi connu des moments de découragement mais qui ont tenu bon et qui ne le regrettent pas, cela vous aidera !   

En tout cas, si vous êtes empreinte de doutes ou si le stress fait partie de votre quotidien, n’hésitez pas à faire appel à un/une spécialiste de l’allaitement qui vous accompagnera dans vos questionnements et vous aidera à trouver des solutions adaptées à votre situation.

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