Allaitement et prévention du cancer du sein
Comme chaque année en octobre, les pouvoirs publics organisent une campagne de sensibilisation au dépistage du cancer du sein et à la collecte de fonds pour la recherche dans ce domaine. Il m’a donc semblé important d’écrire un article sur l’impact positif que représente l’allaitement en terme de diminution des risques de développer un cancer du sein.
Saviez-vous qu’au cours de ces 30 dernières années, le nombre de cancers du sein a doublé en France avec une incidence d’environ 50 000 nouveaux cas chaque année ? Le plus inquiétant c’est que durant cette même période la maladie a augmenté de 60% chez les femmes de moins de 50 ans ! C’est d’ailleurs toujours la première cause de décès féminins par cancer. En revanche, grâce aux campagnes d’informations et de dépistage et des progrès dans la prise en charge médicale, environ 3 cancers sur 4 sont maintenant guéris.
Alors comment expliquer cette « épidémie » ? et comment s’en protéger ?
Tout d’abord, en dehors de l’âge, rappelons les trois grands types de facteurs de risques :
- les facteurs génétiques : prédisposition pour les femmes porteuses de la mutation génétique BRCA
- les facteurs hormonaux et reproductifs : puberté précoce (avant 11 ans), ménopause tardive (après 54 ans), aucune grossesse menée à terme, traitement hormonal substitutif (THS) durant plus de 10 ans
- les facteurs comportementaux et environnementaux : alimentation déséquilibrée, obésité, tabac, alcool, manque d’activités physiques, exposition aux radiations ionisantes, exposition à certains produits chimiques agissant comme des perturbateurs endocriniens (ex : dioxine, phtalates, certains plastiques..)
Dans les pays développés, les femmes retardent de plus en plus le moment de devenir mères, certaines décident même de ne pas le devenir, pour des raisons professionnelles, personnelles ou médicales. Le nombre d’enfants par femme diminue aussi et le non-allaitement ou allaitement maternel de courte durée prédomine.
Or, de nombreuses études ont montré l’effet protecteur de la maternité et de l’allaitement sur l’incidence du cancer du sein.
Il a été en effet démontré que chaque naissance diminue le risque de cancer du sein de 7% et que chaque année d’allaitement le diminue en plus de 4,3% pour une même femme au cours de sa vie (1).
Les travaux menés par les groupes de travail du PNNS (2) et de l’ANSES (3) ont d’ailleurs conclu que “L’allaitement diminue de manière convaincante le risque du cancer du sein chez la mère.”
Selon le professeur Villet, président de l’Association française de sénologie et de pathologie mammaire « Plus le sein est mature et moins il y a de risque » Il souligne que la grossesse et l’allaitement permettent d’atteindre cette maturation mais que ce dernier devrait durer plus de 3 mois.
Au même titre que les bénéfices santé de l’allaitement maternel sur l’enfant, plus l’allaitement est long, plus il est protecteur contre le cancer du sein.
L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) ainsi que de nombreuses instances nationales préconisent d’ailleurs pour des raisons de santé publique et d’économie un allaitement exclusif de 6 mois puis partiel pendant 2 ans ou plus :
« Le nourrisson doit être exclusivement nourri au sein pendant les 6 premiers mois de la vie : c’est là une recommandation générale de santé publique. Par la suite en fonction de l’évolution de ses besoins nutritionnels, le nourrisson doit recevoir des aliments complémentaires sûrs et adéquats du point de vue nutritionnel, tout en continuant d’être allaité jusqu’à l’âge de 2 ans ou plus »
L’allaitement est bon pour le bébé et le bébé est bon pour le sein !
Dans l’avenir, de nouvelles études viendront éclairer en détail les mécanismes de protection que présente l’allaitement. On a déjà découvert dans le lait maternel une molécule complexe ayant la capacité de tuer les cellules cancéreuses et de préserver les cellules saines ( équipes suédoises 1995). Les chercheurs l’ont baptisée HAMLET ( human alpha-lactalbumine made lethal to tumor cells).
Le lait maternel est un fluide complexe, vivant, dynamique et puissant…
En résumé, afin de vous protéger au maximum du cancer du sein, on ne peut que vous encourager, Mesdames à avoir une bonne hygiène de vie, faire de l’exercice, mais aussi à ne pas attendre la quarantaine pour faire des bébés et les allaiter le plus longtemps possible…
Sources
- « Breast cancer and breastfeeding » : méta-analyse à partir de 47 études épidémiologiques menées dans 30 pays, incluant 50302 femmes atteintes d’un cancer du sein et 96973 femmes non affectées par la maladie
(Lancet 360 (2002) (9328))
- Nutrition et prévention des cancers : des connaissances scientifiques aux recommandations (PNNS : programme national nutrition santé)
- Nutrition et cancer : Rapport d’expertise collective Édition scientifique Mai
2011 (ANSES : Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail)
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