La vie dévoilée de vos seins

Les seins représentent un des attributs de votre féminité, or savez-vous vraiment comment ils se développent et fonctionnent , notamment en période d’allaitement ? 

Diana West et Lisa Marasco, deux consultantes en lactation américaines mondialement connues et auteures du livre Plus de lait ! parlent des différentes saisons des seins pour symboliser leurs transformations, essentiellement contrôlées par les hormones.

Le sein n’acquiert sa maturité fonctionnelle qu’en période gestationnelle, c’est-à-dire pendant la grossesse suivie de la lactation.  

1.L’hiver : le sein non lactant, une usine fermée

Au moment de la puberté, les mamelons se développent et petit à petit les seins prennent forme, leur taille variant en fonction de la génétique. L’intérieur du sein ressemble alors à un tout petit arbre qui commence sa croissance, mais sur lequel les feuilles ne pousseraient pas encore.

Par la suite, les fluctuations des hormones notamment les oestrogènes et la progestérone au cours des cycles menstruels, ont pour effet de former tout un réseau de grosses branches (les canaux lactifères), se divisant en branches plus petites (les canalicules), auxquelles s’attachent les « feuilles » nommées «  alvéoles », futur lieu de fabrication du lait. On a observé que le développement de tout ce tissu mammaire pouvait se continuer jusqu’à l’âge de 35 ans environ.

 « Le sein non lactant est tel un arbre fruitier en hiver dont les feuilles sont rares et les bourgeons en sommeil » disent les auteures du livre cité plus haut. 

Au moment de la ménopause, avec l’arrêt des règles, il y a involution de la glande mammaire, c’est comme un hiver permanent !

2. Le printemps : le sein durant la grossesse, une usine en construction

Lorsque vous êtes enceinte, vos seins gagnent du volume sous l’effet des taux plus élevés d’hormones féminines en circulation, les oestrogènes, la progestérone et la prolactine, mais aussi sous l’effet de l’hormone lactogène placentaire sécrétée par le placenta ; ce dernier joue en effet un rôle important dans l’établissement d’une bonne « usine à lait ». Peu de temps après la conception, l’embryon sécrète également une hormone appelée gonadotrophine chorionique qui contribue aussi au développement de la glande mammaire. En général, l’aréole (zone circulaire autour du mamelon) s’élargit et devient plus sombre, les petites protubérances appelées « tubercules de Montgomery » qui parsèment l’aréole et qui sont à peine visibles d’ordinaire, grossissent afin d’assurer la lubrification de cette zone sensible. La circulation sanguine augmente laissant voir sur la peau fine de la poitrine, des veines plus larges et plus bleues. Vos seins deviennent souvent plus tendus, sensibles comme par exemple avant vos règles hors grossesse. C’est durant le premier trimestre que les changements sont les plus notables, vous pouvez prendre une taille de tour de poitrine et même gagner un à deux bonnets.

Le sein durant la grossesse est tel un arbre fruitier en fleur et dont la sève monte. En milieu de grossesse en effet, vos seins produisent déjà un premier lait appelé colostrum, et de petits écoulements peuvent s’échapper de vos mamelons ; toutefois cela ne présage pas d’une plus grande production lactée par la suite.

3. L’été : le sein après l’accouchement et pendant l’allaitement, une usine à lait en plein rendement

Juste après la naissance de votre bébé, grâce à la délivrance du placenta, il y a chute de la progestérone, ceci permet alors à la prolactine de jouer pleinement son rôle dans la fabrication du lait. Plus les seins seront stimulés par la succion du bébé les jours qui suivent (nuits incluses), plus le nombre de récepteurs à prolactine se formeront au niveau de la glande mammaire afin d’assurer une lactation optimale. C’est le moment où l’arbre fruitier donne enfin ses fruits !

Au départ, et en corrélation avec la taille de l’estomac du bébé, les quantités du premier lait produit appelé colostrum sont moindres mais très significatives sur le plan immunologique. Le bébé ne prend qu’entre 3 et 5 ml par tétée le jour de sa naissance pour arriver à environ 30 ml le troisième jour et 60 ml au bout d’une semaine. Les quantités augmentent vite tout comme la taille de l’estomac de votre bébé. Le sein passe progressivement de la phase colostrale à la phase lactée et le lait atteindra sa maturité complète en terme de composition et de quantité (800ml en moyenne par 24h) après environ un mois. Votre bébé pourra en parallèle boire de plus grosses quantités de lait, son estomac ayant bien grossi (jusqu’à 120 ml voire 150ml par tétée). Entre-temps on appelle souvent le lait produit « lait de transition ».

La fameuse « montée de lait » arrive en général un à quatre jours après la naissance du bébé et marque le début d’une production de lait plus abondante. Les seins sont alors souvent plus congestionnés et chauds mais si votre bébé a un accès illimité au sein et qu’il tète efficacement, l’inconfort sera moindre d’autant plus si vous prenez l’habitude de vous masser les seins régulièrement.

L’autre hormone essentielle qui intervient dans la physiologie de la lactation est l’ocytocine. Elle est responsable du réflexe d’éjection du lait et a un effet calmant sur vous et votre enfant. C’est l’hormone du bien-être, de l’amour, du lien émotionnel et charnel. C’est surtout la bouche du bébé qui, en stimulant le réseau nerveux autour de l’aréole et du mamelon déclenche la sécrétion d’ocytocine, celle-ci va alors libérer le lait des alvéoles vers les canaux lactifères. Mais l’ocytocine est aussi sujette aux pensées, aux émotions, aux ressentis. C’est pour cela qu’en cas de douleur vive, de choc lié à un accouchement traumatisant ou encore d’angoisse particulière, il peut y avoir inhibition de la sécrétion d’ocytocine et le lait ne coulera pas malgré la stimulation du bébé…ce dernier pourra alors se mettre à s’agiter, ce qui peut encore accentuer le stress de la maman et lui faire penser qu’elle ne peut pas produire de lait…

En fait, votre usine à lait ne s’arrête jamais, elle travaille en continu, mais elle est sujette à la loi de l’offre et de la demande : plus le sein demande à être vidé, plus il produira de lait, d’où l’importance de suivre les signes de votre bébé lors des tétées groupées à certains moments de la journée ou les jours de pointe appelés aussi pics de croissance (vers 3 semaines, 6 semaines, 3 mois). Lorsqu’au contraire le sein s’engorge, un phénomène régulateur se met en place : l’usine met tout en œuvre pour produire moins voire stopper la production grâce au FIL (Feedback Inhibition of Lactation). Attention donc de veiller à ne pas avoir de trop gros engorgements qui risqueraient de vous faire passer d’une lactation abondante à une lactation bien affaiblie voire déficiente ou nulle dans les cas extrêmes ou en cas de décision d’arrêt brutal de la lactation.   

4. L’automne : le sein au moment du sevrage, une usine au ralenti

Lorsque vous êtes en phase de sevrage, le bébé tète beaucoup moins souvent et le sein produit naturellement de moins en moins de lait, en conséquence la glande mammaire réduit en taille, l’arbre fruitier commence à perdre ses feuilles, c’est l’automne du sein qui va progressivement se remettre au repos jusqu’à la prochaine grossesse. Durant cette phase de réorganisation interne du sein, vous aurez peut-être l’impression d’avoir une poitrine moins dense, un peu plus molle et c’est normal ,mais progressivement vous retrouverez votre taille et votre densité initiales avec quelques variantes possibles.

En résumé, la lactation est étroitement liée à vos hormones et à vos émotions.

Voici les éléments qui conditionnent une lactation en adéquation avec les besoins de votre bébé :

– un bon développement de la glande mammaire à l’adolescence et non endommagée plus tard (choc accidentel, chirurgie plastique)

– un système endocrinien général compétent

-une stimulation efficace des seins (succion adéquate, fréquence suffisante des tétées pour un drainage optimal)

– un environnement « ocytocique » :confort, soutien, sécurité, confiance.

Belle vie à vos seins et belle aventure d’ allaitement !

Article rédigé par Myriam Panard, consultante en lactation certifiée IBCLC

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